Il est temps pour moi de revenir sur la suite de mon voyage au Vietnam. Je le voulais depuis longtemps mais la partie plus « make-up et soins » de ce blog a aussi des délais liés à des collections limitées que je ne pouvais pas ne pas respecter. Cela dit, lorsque j’ai vu toute une clique de blogueurs (de gros comptes anglophones) invités par Kiehl’s pour un voyage presse au Vietnam, j’ai eu mal au coeur et ça m’a donné le coup de pied nécessaire pour continuer le partage du mien. Les comptes IG de ces blogueurs n’étaient quasi faits que de selfies: selfies dans la piscine, selfies dans l’hôtel, selfies sur le bateau… Ils ont eu l’occasion de visiter Hanoï et une partie de la magnifique vallée de Nin Binh mais ce qui compte: les selfies… J’espère que certains des vlogs seront moins centrés sur eux-mêmes (quoi que un vlog est déjà sorti et on voit la tête de la blogueuse 90% du temps…).
Le Vietnam a une végétation exceptionnelle et des paysages magnifiques. Je ne pige vraiment pas cette manière de visiter des pays avec ce côté égo-centré qui flirte très fort avec un esprit de touriste colonialiste: moi moi moi moi… Je ne sais pas… En tous cas, quand je pars et que je partage ça avec vous, j’ai envie de partager ce que j’y vois, c’est-à-dire tout sauf ma tête 90% du temps. Quand je vois des images de voyages, j’ai envie de découvrir le paysage, d’en apprendre plus sur les gens, comment ils vivent, un peu d’histoire, etc. C’est important pour moi d’essayer de vous montrer qu’être touriste, c’est aussi un peu essayer de comprendre l’endroit où l’on est invité. On m’a déjà reproché de ne pas me voir assez souvent dans les vlogs et j’ai essayé d’arranger ça pour ceux du Vietnam. Cela dit, j’ai toujours énormément de mal à montrer ma tête dans un cadre nouveau et intéressant. Parce que je trouve ma tête bien moins intéressante qu’un paysage à couper le souffle ou une architecture porteuse d’histoire. Ma tête ne sera plus là d’ici 60-70 ans (si tout se passe sans encombre) alors que ces endroits le seront toujours. Rien que pour ça, j’ai un immense respect pour les endroits que je visite et ai tendance à m’effacer.
Bref, passons à Saigon où je suis arrivée en avion après avoir quitté la ville de Da Lat aux petites heures! Saigon c’est très porteur de sens pour moi puisque la majorité de l’enfance de mes oncles et tantes s’y est déroulée. Même si je suis malheureusement très pauvre en informations familiales sur la ville, elle est aussi symbole de la fin de la guerre du Vietnam (et de la triste victoire du communisme). Saigon a résisté pendant de nombreuses années au communisme et ça se ressent dans leur façon de vivre: les vietnamiens du sud sont plus extravertis, plus bruyants et un peu moins modestes que ceux du nord. Il y a une différence d’accent que j’ai pu percevoir même si je ne parle pas le vietnamien mais la différence majeure se place principalement dans le volume sonore. Ce qui a été très drôle à constater.
Nous sommes arrivés en fin de matinée et avons fait un tour sommaire du centre ville. Enfin, pas si sommaire que ça puisqu’on y voit la mairie, les hôtels importants qui furent les QG des soldats américains (je pense que les hôtels Continental et Caravelle doivent sans doute apparaître dans plusieurs films sur la guerre dont Indochine? ou encore Good Morning Vietnam?), le Majestic (un des plus anciens hôtels de Saigon qui est MA-GNI-FIQUE), la cathédrale rose (le catholicisme est un reste important du colonialisme français, mes grands-parents étaient d’ailleurs catholiques très pratiquants… Un peu trop même! Je suis certaine qu’ils y sont allés plusieurs fois.), la superbe poste qui doit son architecture à Gustave Eiffel et le palais présidentiel (sa prise a été le symbole de la victoire des communistes.)
Le lendemain, nous sommes partis pour les tunnels de Cu Chi. A 4h de routes de Saigon, on se retrouve sur un vaste site historique. Plusieurs visites y sont d’ailleurs possibles, toujours avec un guide sinon le risque de se perdre est grand. Pour ceux qui ne connaissent pas (c’était mon cas hormis via des films), les tunnels de Cu Chi ont abrité un village entier de pro-communistes (incluant beaucoup de Viet-Congs qui y ont fomenté la prise de Saigon). Ceux-ci ont commencé à être creusés dès la guerre d’Indochine, se répartissent sur 250km et ont pu abriter jusqu’à 16.000 personnes.
La visite commence par une vidéo propagande pro-coco (« Même les enfants venaient se porter volontaires pour combattre les américains » en montrant des archives de gamins de 8 ans portant des obus ou autres… Comme si à 8 ans, on était capable d’avoir des choix politiques et militaires sans réaliser les conséquences… ) et puis on a enchaîné avec la visite du site entièrement dédié aux techniques de guerre typiquement vietnamiennes: des pièges en bambou en se servant de la nature et de leur connaissance du terrain, du recyclage d’armes américaines (ou des pneus américains qui ont donné naissance aux fameuses sandales tout terrain de l’oncle Ho), comment la vie s’organisait en vivant sous terre, etc. J’estime le devoir de mémoire important et j’ai été impressionnée par l’ingéniosité des Viet-Congs (s’ils pouvaient être aussi ingénieux pour protéger leur environnement aujourd’hui qu’ils ne l’ont été pour tuer il y a plus de 30 ans, ça serait encore mieux…) mais je n’ai pas trop apprécié le côté un peu trop fier du guide sur un site où des milliers de gens, américains comme vietnamiens, sont morts dans des souffrances souvent atroces. Proposer, presque forcer le groupe à faire des photos sur un tank américain qui a coûté des vies, j’ai du mal… De même, je n’ai pas su m’extasier quand il a montré le trou qu’un missile américain pouvait faire. J’étais impressionnée (le trou est en effet énorme et les tunnels de Cu Chi étaient creusés assez profondément pour ne pas en subir les conséquences) mais surtout, très triste. Je n’ai pas trop adoré l’idée d’y faire un stand de tirs aussi. Oui, ça apporte un certain réalisme (il ne devait y avoir que ces bruits quand ils se faisaient attaquer) mais est-il nécessaire de faire l’apologie des armes quand on sait qu’au final, cette guerre a coûté plus aux vietnamiens qu’aux américains en termes de pertes humaines? Je crois que j’ai été un peu secouée par tout ça et c’est sans doute pour ça que je n’en dis pas plus dans la vidéo. C’était dur d’en parler sans m’énerver donc je me suis abstenue.
En bref, je pense que le site doit continuer à exister parce que un tel réseau n’a jamais existé ailleurs et que le devoir de mémoire est primordial. Mais l’approche doit définitivement être différente… Ce qui n’arrivera pas tant que le Vietnam reste communiste et donc soumis à la propagande du régime depuis déjà bien trop longtemps… Je rêve de le savoir toujours là dans 50 ans mais avec des visites effectuées dans un respect plus grand pour ceux qui y ont laissé leur vie, américains comme vietnamiens. Et si la visite vous intéresse, je vous la recommande fortement tant que vous arrivez à vous contenir quand le guide est un peu trop fier (j’ai eu du mal…) et que vous arrivez à garder un peu de distance sur tout ça. Je pense qu’une certaine connaissance de l’histoire du pays est aussi importante (quelques films suffiront, pas besoin de lire 3 encyclopédies… Juste pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion).
On a terminé la journée avec un autre tour de la ville où j’ai adoré regarder les façades colonialistes. Ca avait un petit air cubain dans l’architecture et j’aime voir de si beaux bâtiments perdurer à travers le temps. Finalement, nous avons fini au marché qui n’était pas très loin de l’hôtel. Hormis les éternelles baraques à touristes (peluches Pokémon et autres vareuses de foot affublées de pubs à gogo…), il y avait aussi quelques stands de nourriture que je vous ai filmés.
La suite sera plus sympa et moins lourde d’histoire puisque je partirai pour Can Tho, son marché flottant, la visite d’une culture… Promis, ça sera moins lourd de sens!