J’ai hésité avant de faire cet article. Tout simplement parce que ma démarche était avant tout très intime. Puis bon, elle a tellement bien fait ça, elle fait tellement de belles choses et a changé fortement la vision que j’avais du monde du tatouage que j’ai eu plus envie de parler d’elle que de me contenir.
Lia November, c’est Cécilia, une jeune fille à la frimousse doucement espiègle qui pourrait désarmer un Dothraki en 1/4 de seconde tellement elle sait où elle veut aller. Sous ses airs innocents se cache une femme de caractère qui a trouvé son style et sait l’affirmer envers et contre tout. Au début touche à tout et graphiste de formation, c’est en autodidacte et passionnée d’illustration qu’elle arrive dans le monde du tatouage. D’abord fervente cliente, elle finit par convaincre grâce à ses projets pour finalement prendre ses marques chez Grizzly Inc., à Liège.
Pour ma part, ça faisait bien une dizaine d’années que je recherchais une certaine « griffe » pour un tatouage, quelque chose de féminin, de doux, de « léger » mais jamais je ne trouvais ce que je voulais. J’ai déjà un tatouage depuis longtemps mais là, je savais où j’allais, j’avais le dessin avec moi et décalquer, c’était pas très compliqué vu la simplicité du bidule. Ici, j’avais « une idée » qui devait être discutée mais ce que je voyais du tatouage se résumait en trois groupes: le tattoo tribal, le métal-j’aimemaman-leslions-leschatsmoches et les minimalistes, plus récents issus du mouvement hipster (mais si, les 3 triangles super originaux là!). En fait, c’est plus subtil que ça mais de loin, quand on n’a pas l’habitude de squatter les salons de tatouages, c’est l’idée qu’on peut en avoir. Et moi, ça ne me convenait pas du tout. Ces mondes-là ne m’appelaient pas. J’avais attendu déjà plus de 10 ans, il était hors de question que je cède par dépit et l’idée restait bien en place. Le seul hic: je ne trouvais pas le monde qui pouvait me parler assez.
Et puis un jour, je suis tombée sur un regram d’un des tatouages de Lia November. J’ai tout de suite adoré et avant de cliquer pour aller voir son compte, je me suis dit: « bah merde, je parie qu’elle est à Barcelone ou Berlin! PEUT-ÊTRE que j’irai tellement j’adore ce dessin! ». Il faut savoir que je ne me déplace pas sur des coups de tête, ça vous donne une idée du coup de coeur… Et il s’est avéré qu’elle était à Liège… Coincidence n°1! Puisque je suis quelqu’un de très (trop) mesurée dans ce genre de décisions, je décide de la suivre et de bien mesurer le pour et le contre. Le temps passe et un évènement assez marquant arrive 2 mois plus tard (coïncidence n°2). Le genre de choses qui vous laisse une cicatrice à jamais et qui remet énormément de projets de vie en perspective. J’accuse le coup (encore maintenant…) et passe la porte de Grizzly Inc. pour enfin rencontrer la miss.
La première prise de contact est un peu anarchique. Je ne suis pas une habituée des studios de tattoos, j’arrive la gorge nouée parce que ce décès (cf. l’évènement marquant oui…) a le poids d’une enclume sur tout mon corps et je m’exprime mal parce que je ne connais pas les termes du tatouage (ne dites pas « des dessins légers et fins » si les traits ne sont pas légers et fins, vous vous ferez mal comprendre, comme moi ^^). Je laisse passer un peu de temps et décide de recontacter Lia en lui expliquant un peu mieux ma situation. On se revoit et là, la magie prend. Comme quoi, quand un projet est en tête depuis si longtemps, que les astres, aussi malheureux soient-ils s’alignent, des fois, il faut persévérer!
Elle a su dire non lorsqu’il le fallait, autant pour que le dessin garde une uniformité, que pour qu’il garde son style tout en épousant mon idée ou qu’il soit bien mis en valeur. Elle a su me suggérer les bons emplacements, m’expliquer pourquoi il fallait tel ou tel élément à telle ou telle place. Elle a été d’une douceur dans chaque geste posé tout en gardant beaucoup d’humour et cette démarche que je faisais aussi avec beaucoup de tristesse dans le coeur est devenue un moment convivial et des plus sympathiques (merci à ceux qui sont passés totalement par hasard d’ailleurs, ils y ont aussi contribué).
Ce que j’aime beaucoup chez elle, c’est qu’elle amène énormément de féminité dans un monde où les dessins sont encore très masculins. Là où on peut voir (attention, je préviens, je suis baignée de stéréotypes, je sais!) un loup, elle amène un gang de chats qui rappelle celui des mangas des 80’s, là où on est encore marqués par l’histoire du sapin mort, elle vient ponctuer son Instagram avec des fleurs, des papillons et des bateaux qui font fondre de par leur touche d’innocence enfantine, là où on voit un motard avec une pin-up dégoulinante de silicone sur le bras, elle dépose des sirènes, des méduses, des poupées russes et des sachets de thé.
C’est un monde complètement enchanté et enchanteur dans lequel on entre avec l’impression que les nuages nous font de doux bisous pendant que les oiseaux nous prennent par la main. On a la sensation de pénétrer dans Alice au Pays des Merveilles avec les traits de nos anciens dessins animés et on revient aussi à beaucoup de nature vue avec un oeil simple et épuré. Pas de fioritures, juste une belle branche et quelques feuilles suffisent pour que le beau soit là. C’était ça que je recherchais: quelque chose de brut dans sa simplicité, un monde où le coeur n’est pas nunuche, où le chat redevient beau sans être kitsch (ou le kitsch devient beau aussi peut-être?), où on n’a pas peur de montrer qu’on a encore une âme d’enfant et où le tout reste d’un glamour fou.
A ce monde merveilleux s’ajoute un esprit incroyablement professionnel dans les conseils prodigués. Lia November sait aussi ne pas se plier aveuglément aux desiderata trop fous des gens afin que le tatouage puisse évoluer au mieux à travers le temps. Elle suggère du dot ou du remplissage là on n’y aurait pas pensé parce que ça donne plus de définition, sait imposer des dimensions nécessaires, etc.
Afin de ne pas dévier de son monde si magique, elle a d’ailleurs pris la bonne décision de ne plus faire que des flashs (tatouages proposés et le premier arrivé est le premier servi). Les projets personnels peuvent éventuellement encore se faire mais uniquement à partir de flashs pris comme base. Mais là encore, la jeune fille évolue sans cesse, tout peut encore changer! Le mieux est de la suivre sur sa page Facebook ainsi que son compte Instagram histoire d’être tenu au courant de son actualité.
Si jamais vous n’arrivez pas à sauter le pas mais que ses dessins vous tente, elle a déjà créé une première salve de tote bags et stickers. Il reste à croiser les doigts pour que ça se répète peut-être?
Vous pourrez trouver la belle au prochain Tox Cit’ Ink (Halles des Foires de Liège) les 2 et 3 septembre (le week-end qui arrive oui!) où elle y proposera des flashs et plus régulièrement au Studio Grizzly Inc., rue de Serbie 50 à 4000 Liège.
Infos et réservations uniquement par mail: liaanovember@gmail.com