Oui oui, si tu es liégeois, tu connais un peu cette rue, celle où l’on s’y risque pour Tatoo Riquet ou encore pour y déguster les délicieuses pitas de chez Murat. Hormis ça, tu évites en général. Cette odeur de pisse dans une ruelle sombre… Bof quoi. Evidemment, si tu n’es pas liégeois, il y a de fortes chances que tu n’y aies jamais posé un seul orteil.
C’est pourtant bien dans cette petite rue piétonnière donnant à la fois sur la place Saint Lambert et l’actuelle gare des bus que 4 commerces ont décidé de s’implanter. Et ça change TOUT, absolument tout. Avec un fameux coup de pouce de la Ville de Liège ainsi qu’une obligation – avoir un espace créatif inclus dans l’espace commercial-, ce sont 4 jeunes entrepreneurs débordants d’idées qui ont investi les lieux et se sont approprié la rue afin de lui redonner vie comme il se doit. Au final, cette petite rue en plein centre devient une rue calme et à l’abri des voitures, offrant des découvertes et toujours son grand choix de restaurants du monde entier.
Le parcours commence donc avec Wattitude dont je vous avais déjà parlé lors de ses ouvertures plus « éphémères »(ICI et LA) et qui ouvre enfin son commerce permanent.
On garde donc cette fine sélection de créateurs wallons en tous genres en passant des bières spéciales aux bijoux, éléments de déco, craquages culinaires (le chocolat Carré Noir ou Dolfin, la moutarde au sirop de Liège, les confitures Valmont…), jeux et doudous pour enfants, couvre-chefs et étoles ou encore livres et BD locales.
Avec de nouveaux noms qui se sont ajoutés et une gamme de prix très large, l’adorable Emmanuelle Wégria a désormais un grand espace pour nous émerveiller et nous aider à faire plaisir… Ou se faire plaisir!
On enchaîne ensuite avec le 2ème commerce: celui de Lara Malherbe, créatrice de bijoux. Ces petits doigts de fée travaillent essentiellement l’argent en proposant des parures très fines et légères qui viennent se greffer autant à des tenues quotidiennes qu’à une robe plus grrrrrrr… Ouais! Tu vois très bien ce que je veux dire, ne fais pas l’innocente!
C’est un peu plus loin et toujours du même côté qu’on découvre ensuite les créations de Fabrice Bertrang . Ce jeune styliste autodidacte propose des vêtements intemporels ou le trait graphique est adouci par des fronces, des plis bien placés ou l’arrondi d’une robe.
Il propose même d’adorables hippopotames décoratifs en tissus!
Et on termine avec Koxinels, la petite boutique que toutes les grandes villes ont et qu’il manquait à Liège. Celle qui surfe sur la vague du Do It Yourself (aka DIY) et qui propose à la fois des articles de couture et de tricot introuvables chez le traditionnel Veritas comme un espace de partages où les plus jeunes peuvent venir apprendre des plus aguerries. Que l’on vienne y suivre des cours ou juste pour tricoter avec du bon matériel sous la main, la convivialité reste de mise.
Et c’est ainsi que la lumière fut en Souverain-Pont! Au-delà du côté créatif et commercial, ces 4 jeunes gens vont réellement s’investir afin de redonner une seconde vie à la rue. En s’associant avec les commerces déjà existants, ils ont déjà le projet de s’intégrer à la fête de quartier qui se déroulera le w-e du 17 mai. Et ce n’est que le début!
BON! Ville de Liège là! C’est quand que tu te décides d’arrêter de prendre le quartier d’Outremeuse pour ta poubelle et que tu t’y mets aussi là-bas?
Certes, ces nouveaux magasins, c’est très bien, on ne va pas s’en plaindre, et on peut sincèrement espérer que ces commerçants « teindront le coup » dans une grande ville où, comme partout, la tendance se dirige de plus en plus vers l’e-shopping, pour le malheur du commerce de proximité, et, après tout disons-le, de la chaleur humaine. Certes. Maintenant, réduire cette rue qui jusqu’au début des années 2000 était encore un très beau contrepied à la trop estudiantine (dirons-nous poliment) approche festive du carré. Certes, s’y côtoyait une faune un brin plus interlope, mais plus créative aussi, et moins homogénéisée, c’est un fameux raccourci ! Du reste, l’odeur de pipi n’était pas plus présente que celle du vomi dans le précité carré, et les enjeux de sécurité, même si on a longtemps prétendu le contraire, relevaient surtout des innombrables marchands de sommeils du quartier, bien plus que des toxicomanes, prostituées ou autre dealers, qui y étaient certes présents, mais pas comme on le pense : le couteau à la bouche, prêts à dévaliser le chaland. Une politique anti nuisances sonore y a été appliquée du jour au lendemain, sans que vraiment l’on puisse identifier qui était ce voisinage qui n’y parvenait pas à fermer l’oeil… Des interventions musclées de police largement injustifiées ont eu lieu, et les quelques bars sympas sont tombés rapidement. Et en 2010, bien sur, BADABOUM, l’explosion de la rue Léopold a définitivement suggéré au collège communal qu’il fallait « faire quelques chose de ce quartier ». La réponse actuelle s’appelle « les promoteurs immobiliers ». Leur cible : ces nouveaux commerçants (qui n’en peuvent rien, of course). Le positif, dans tout ça, c’est que les marchands de sommeil ont (presque) disparu, il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain… Mais les loyers augmentent, on y spécule sur l’immobilier, de sympathiques bars ont fermé et sombré dans l’oubli… il me manque, ce quartier vivant, cette rue où vivait jusque tard dans la nuit, chaque soir, un Liège bien sympathique et si peu formaté. Adieu Planète Interdite, Léos / Expresso Bongo / Factory, Couleur Café, … Ce processus porte un nom : gentrification.
Je comprends ton point de vue mais franchement, en tous cas de ce que j’en vois, il était temps que ça change. Je suis liégeoise du centre depuis toute petite et depuis toute petite, cette rue, je n’ai jamais eu envie de m’y promener. Elle était sombre, mal entretenue, pas accueillante pour un balle. Alors oui, il y avait peut-être de chouettes cafés (moi je n’y ai jamais vu d’intérêt que pour les restos et chez Murrat aussi) mais ce n’était qu’une rue de cafés. Maintenant, on peut s’y promener avec ses gosses sans qu’ils aient l’impression de traverser le Mordor (en tous cas, c’était mon impression d’enfant et d’ado).
Liège doit changer, ça j’en suis persuadée. Le liégeois se repose trop sur des choses qui n’aident pas nécessairement à la ville ni à ses habitants. Et oui, c’est certain, comme pour toute ville, si elle devient belle et attrayante, il y a un prix à payer. On n’a pas le beurre et l’argent du beurre… C’est sûr que c’est un arrangement un peu fourbe mais le résultat est là pour le moment. Et au lieu de déjà penser à ces commerçants comme des condamnés, je préfère bien mieux parler d’eux et les propulser du mieux possible. Ils ont aussi envie de croire en une ville accueillante qui innove et propose d’autres choses. Au lieu de se plaindre, les gens devraient suivre…
J’ai été Liégeois de 88 à 2005 et la rue Souverain-Pont était une rue un peu glauque surtout au bout, côté Cathédrale, là où précisément il n’y avait aucun commerce en dehors d’un… peep-show/boutique d’accessoires érotiques. Il y avait sinon une chouette ambiance : les restaurants Tasso (grec), un Turc dont j’ai oublié le nom, et l’Atahualpa, restaurant chilien. Comme bistrot, plutôt fréquenté par des artistes, il y avait le très sympa « Couleur Café », puis il y a eu des boîtes : l' »Expresso Bongo » et « Planète Interdite », que je n’aimais pas vraiment, mais où je me suis trouvé quelquefois sur invitation. La soirée commençait souvent chez Pierre M. (« La Toccata », place du Marché), puis la Rue Souverain-Pont, et on allait achever la nuit au « Brasilia », restaurant « bateau » de la rue Pont d’Avroy, où l’on pouvait manger à tout heure. De temps à autre, « Le Pot au Lait », rue Sœurs de Hasque, pour aller chercher un copain, une copine, boire un coup, mais où on ne restait pas. Le Carré avec ses étudiants crasseux, non merci, quelle horreur ! Quant aux commerces pour écolo-bobos urbains…
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Il en faut pour tous les goûts. Et j’ai fait partie de ses étudiants crasseux. 🤷🏻♀️ liège a au moins le mérite de se battre pour elle-même constamment et malgré bien des inconvénients.