Une blogueuse (mode ou beauté ou ce que vous voulez, je ne fais finalement que partager quand je déborde d’enthousiasme pour quelque chose), ça ne fait pas qu’aller à des évènements et s’avaler des cupcakes écoeurants. En tous cas, si vous me suivez depuis un bon moment, vous devez savoir que j’ai déjà donné par ici mon avis tranché sur pas mal de sujets qui concernent tout le monde et que contrairement à certaines blogueuses, j’aurai du mal à vous fournir une photo de moi portant un Delvaux, des Louboutins ou encore du Margiela (mais si les marques citées veulent faire une donation, j’ai les bras grands ouverts. VOUS AVEZ ENTENDU???!!!).
Comme vous le savez peut-être aussi, je suis dans une période de ma vie où je dois me conformer à ce qu’on appelle « la société ». Je suis devenue propriétaire il y a moins d’un an en faisant des choix et en ayant des opportunités. ( Vous pouvez en savoir plus en lisant la page « C’est qui? » de Glamours et Marteaux -je sais, on doit encore écrire des articles là, je sais) Je dois donc désormais -enfin, disons, plus qu’auparavant- faire attention à ce qu’il se passe dans le monde car mon avenir en dépend totalement.
Il faut savoir que mon désir ardent de devenir propriétaire a été influencé par mes 2 séjours en Espagne (oui oui, j’ai vécu 6 mois à Valence et puis 3-4 mois à Madrid, là, dans le monde du travail) il y a maintenant bientôt 6 ans. Alors qu’on me dépeignait l’Espagne comme le pays de l’insouciance, de la fête, du farniente, j’ai vite été choquée par le niveau de vie et par ce que les espagnols acceptaient sans broncher. Je me suis à chaque fois faite violence afin de me fondre totalement dans la vie quotidienne espagnole et ne pas céder aux nombreuses communautés de belges expatriés qui aiment nier les problèmes du pays qui les accueillent et créer une sorte de microcosme Méga-Club-Med complètement irrespectueux des autochtones selon moi…
J’ai donc pu voir (et subir) qu’ils vivaient comme des sardines dans des cages à poules (un appartement d’une personne ici… L’Espagne vous met 3 torreros dedans… En leur faisant payer A CHACUN le loyer qu’une personne seule aura à payer ici pour le même appartement… Je ne parle pas de Bruxelles évidemment). J’ai pu constater qu’ils avaient un salaire moyen qui frôle la catastrophe (à ce moment: plus ou moins 1000EUR) quand on doit payer un loyer de 500EUR… Tout ça pour vivre avec 2 pouilleux et leurs novias et les entendre péter, roter ou baiser grâce aux murs en carton. L’intimité, là-bas, c’est un luxe. Devenir propriétaire et faire ce que l’on veut de son bien, faites le calcul… On n’y pense même pas. Alors que fait-on quand on veut fonder une famille?… Les couples reviennent vivre chez papa et maman… Et oui. C’est expliqué très grossièrement mais c’est ça.
Pour ce qui est des charges, l’Espagne s’en sortait bien à l’époque où j’y étais. Les courses coûtaient que dalle et le trio « agua-luz-gaz » était risible. Mais chaque médaille a son revers… Ainsi j’ai dû expérimenter les soins de santé… MOUAHAHA! Une vaste blague! J’ai dû, dans l’urgence, faire un choix entre des soins de santé privés ou publics (et apprendre dans la foulée qu’il fallait choisir… Quoi, tout n’est pas simplement remboursé par la mutuelle ici??). N’ayant pas beaucoup de sous et ne pouvant pas avancer l’argent que ma mutuelle était prête à me rembourser quel que soit mon choix (à mon retour… 2 mois plus tard… Nein, peux pas), j’ai dû la faire à l’espagnole et aller me coincer dans un hôpital public où j’ai payé une petite somme mais où j’ai été parquée pendant des heures comme une vache attendant son exécution et où j’ai eu droit à des internes qui m’ont donné un mauvais diagnostic (si si ptite conne, t’as ce que je te dis même si tu me dis que c’est pas ça, je m’en fous de ce que tu sais, SIGUIENTE! – « Dégage » en gros). Mauvais diagnostic qui m’a été confirmé par un vrai médecin bien installé à mon retour mais c’était « un peu » tard… Donc en gros, imaginez un espagnol travaillant autant que vous (même plus en fait) pour gagner des cacahuettes, vivre dans une cage à poules où il peut jusqu’à sentir l’odeur d’aisselles de son coloc’ dès le palier et… ne pas avoir droit à des soins de santé élémentaires (je n’ai pas non plus fait un truc digne des virus bizarres du Docteur House hein).
Ne pensez pas que ça se limite à ça… Sachez aussi que s’ils se retrouvent sans emploi, le chômage ne prend presque rien en compte. Même si vous avez travaillé 10 ans et que vous avez été licencié correctement, vous n’avez droit qu’à 6 mois de chômage maximum à raison de 600EUR/mois. Après, c’est « tire ton plan muchacho ». Ca, c’était donc il y a 6 ans… Maintenant, c’est pire…
A ce moment, je n’avais aucune conscience de comment fonctionnait le système, je ne m’y retrouvais pas dans les partis politiques (fraîchement diplômée en lettres, j’étais encore trop émoustillée d’avoir enfin réussi dans une université pleine d’élite) et je ne connaissais rien en protection sociale, en droits des travailleurs, en salaires moyens. Et pourtant… Je me disais que quelque chose clochait: ils ne bougeaient pas. Ils acceptaient, en râlant (un espagnol qui ne peste pas n’est pas un espagnol) certes, mais ils laissaient faire. J’apprenais des choses telles que « l’immobilier est tellement cher que maintenant, ils organisent une loterie pour choisir des couples – oui, si t’as pas envie d’une vie de famille, prends un flingue- et leur DONNER LE DROIT à peut-être pouvoir obtenir un prêt. ». Vous pensez bien que je suis tombée de ma chaise trois fois… Tandis qu’eux balançaient ça légèrement outrés mais sans jamais agir.
Pire encore, j’ai été gênée quand un couple d’amis espagnols est venu me rendre visite lorsque je vivais encore dans la maison familiale (qui va devenir moitié ma maison, lisez Glamours & Marteaux j’ai dit!) et qu’ils n’arrivaient pas à rester dans le salon tellement il était grand. Nous avons passé la plupart du temps dans une cuisine minuscule mais où ils se sentaient mieux. C’est pourtant une maison de maître comme beaucoup de familles de classe moyenne en possèdent ici à Liège… Bien que ça change maintenant… A l’époque, c’était le cas.
Pensez bien qu’à mon dernier retour d’Espagne, j’ai baisé le sol belge 3 fois comme Benoît… Ha non François maintenant, le fait. Je n’y connaissais toujours pas plus en politique ou en économie mais je sentais que quelque chose allait mal se passer et que ça allait nous éclater à la figure. L’expliquer, j’en étais incapable… Tout ce que je savais, c’est que je voulais être propriétaire d’un lieu que j’aurai choisi, sans que ça ne mine mon train de vie, être indépendante (ouais bon… Ok, il y a la banque… Mais du temps où mon père a acheté, c’était la même chose et non, je n’ai pas 200.000EUR sous mon matelas), avoir un toit à moi tant que les conditions de vie me le permettaient encore et avant que ça ne dégringole ici aussi.
Avec ma mère, on a donc mis plus ou moins 4 ans à retourner ce projet dans notre tête et à rendre le notaire complètement chèvre afin que personne n’y perde trop de plumes (je ne vous parle pas de l’entrepreneur en ce moment…). J’ai trouvé un boulot qui paie bien et qui m’assure un avenir stable (en croisant les doigts… Vive les pénuries et le bol sur ce coup) afin de pouvoir mener à bien ce projet. Entre-temps, à cause de grâce à un gros fonctionnaire renommé pour sa lenteur, nous avons obtenu un gouvernement et perdu des primes qui nous auraient été fort utiles… Ca commençait déjà… *Pensez bien, je l’ai croisé un jour et lui ai expliqué ma façon de penser… Je suis entière, on aurait dit un chien enragé…*
Ceux qui me lisent ne me connaissent pas (pour la plupart) mais ce blog est un fait un réel endroit de débauche pour moi. OUI! DE LA DEBAUCHE! Bien que j’y expose clairement ma consommation (et encore, elle reste dans les limites de mes moyens et pour l’instant, j’y consacre beaucoup de temps… Et de moyens… Vous allez vite comprendre pourquoi), j’ai créé cet endroit pour y oublier de plus grosses charges et me forcer à rester un peu insouciante. Car croyez-le ou non, mais l’insouciance, je n’ai jamais vraiment connu. J’ai ramé à l’université en travaillant pour payer mes minervals. De par mes parents, j’ai vite appris qu’on n’avait rien sans rien et que des choix ingénieux devaient être faits. C’est ainsi que les uniques choses que j’accepte d’acheter à crédit sont une voiture (et encore, si je pouvais travailler en y allant à pieds, la voiture irait au bac fissa) et un logement. Tout le reste, je m’en prive, j’achète de seconde main ou j’économise en patientant et je l’achète. En vivant seule, en étant femme, aujourd’hui, je vous assure que c’est un défi de chaque seconde. Mais chaque seconde, je me dis que j’ai de la chance: je ne suis pas espagnole (ou grecque, ou chypriote maintenant…)… Pas encore…
Tout ça pour vous dire quoi? Pour vous dire que je sentais des choses mais que je me sentais surtout trop conne que pour pouvoir les comprendre. Et pourtant… Ce que je « sentais » est maintenant en train d’arriver. Et jusqu’à il y a quelques jours, je n’étais pas capable de pouvoir le comprendre.
Tout a changé grâce à « Indignés de Cons » que je viens de dévorer. Marcel Sel y explique la crise sous toutes ses coutures avec un style qui sauve le côté glauque de la situation. A coups de personnages tels que LeMicrobe, BigVirus Toto et Titine, de caca – oui, et vous devez savoir que moi, l’humour pipi/caca, j’adore- et d’un humour piquant, l’auteur vous accroche au sujet et arrive à vous promener à travers toutes les causes et les conséquences de chaque parcelles de notre vie. Il est ainsi arrivé, en moins d’une semaine – et encore, je travaille-, à me faire comprendre la crise des subprimes et ses subtilités, ce qu’étaient les bons d’états, la Grèce au-delà d’une conversation superficielle ponctuée de phrases toutes faites sorties des médias, les holdings, les méchants spéculateurs, etc.
De plus, alors que je pensais être décidément trop ignare pour comprendre tout ça, s’il y a une chose que je ne voulais pas, c’était de me faire manipuler via un livre pour adhérer plus à un parti qu’un autre (parce que je pensais être ignare mais pas sur tout). Franchement, expliquer la crise sans avoir de penchants politiques, quand on n’y connaît pas grand chose, on se dit que ça n’est juste pas possible. Alors que j’ai eu quelques doutes au début, il s’est ensuite avéré que Marcel Sel développe les qualités de chaque parti – ou pays impliqué- mais n’hésite pas non plus à les rappeler à leurs responsabilités… Et nous aux nôtres. QUOI???!!! Quelqu’un sait expliquer la crise sans terminer par « c’est la faute à la droite » ou « c’est la faute à la gauche »? Oui oui!
Finalement, sachez qu’ « Indignés de Cons » n’est pas un livre qui va creuser encore plus votre ride du lion. Non non. Ca faisait longtemps que je ne m’étais pas bidonnée ainsi sur un essai… Ha oui… Je ne me suis JAMAIS bidonnée sur aucun essai en fait. Et pourtant, Dieu sait que j’ai dû m’en taper une fameuse flopée… Même si le sujet est difficile, le style m’a tellement accrochée que j’y revenais toujours très vite, juste pour le plaisir de comprendre en m’amusant, me réjouissant de la prochaine vanne, du prochain jeu de mots ou de la prochaine réflexion piquante qui m’attendait au tournant.
Ce livre pourrait bien changer le comportement de beaucoup d’entre nous et nous aider à faire changer les choses. En tous cas moi, il m’a clairement secouée. Un bon repositionnement de l’église au milieu du village comme on dirait par ici!
Grâce à « Indignés de Cons », moi qui suis une foutue maniaque du contrôle de ma vie et ne supporte pas de me la laisser dicter par d’autres, j’ai désormais plus d’armes et surtout, connais mieux ma place dans la société. Je sais ce que je ne veux pas qu’il m’arrive, ce pour quoi je dois me battre afin de garder tous mes efforts intacts, je sais comment me positionner et surtout, ça confirme le fait que je ne veux pas rester inactive. Je sais aussi surtout qui accuser, qui responsabiliser et comment me responsabiliser.
Bref, en gros, si une crétine de blogueuse à la con a su le comprendre, vous le pouvez et le devez aussi! 🙂
Intéressant, m’en vais acheter ce bouquin dès demain 😉
Quand j’ai voulu l’acheter, il était en rupture de stock à La Fnac et Pax était persuadé qu’il sortait le 18 avril (mouais mouais). Je l’ai trouvé chez Agora finalement mais il est aussi disponible dans les grands Carrefour qui ont un rayon « livres ».
Tu verras, c’est amusant à lire et t’en apprends un rayon 🙂
Reviens me dire ce que tu en auras pensé, ça m’intéresse. Je ne connais encore personne qui l’a lu.
Depuis que j’ai découvert cette petite vidéo aussi réjouissante qu’éducative, j’aime beaucoup Marcel Sel http://mademoisellecatherine.blogspot.be/2010/10/la-belgique-pour-les-nuls.html
Je n’ai donc plus qu’à finir mes trouze-mille livres en attente pour me pencher sur celui-ci.
D’ici-là, il ne sera probablement plus en rupture de stock, ou sorti en poche, ce qui arrangerait bien ma bourse d’improductive, à moins que je ne retrouve du travail offrant un vrai salaire dans l’intervalle (oui, ça fait beaucoup d’impondérables…).