Rétro.
Hier soir j’ai appris le décès de quelqu’un sur Facebook.
Je ne veux pas que vous vous focalisiez sur le décès – je n’étais pas proche du défunt de toutes façons – mais plutôt sur la façon de l’apprendre… Un peu sur la place publique. J’ai été assez surprise de m’entendre penser que j’apprenais le décès de quelqu’un via un site, qui plus est, via les commentaires de condoléances de connaissances communes sur le mur de la personne décédée. Surprise de réaliser – sans possibilité d’échappatoire aucune- à quel point la communication allait rapidement, sans prendre de gants, sans peser ses mots… La communication, ou plutôt la technologie de la communication, elle ne pense pas, elle fait. Elle n’a pas d’âme, elle agit. Elle ne compatit pas, elle atteint. Bref, elle est dépourvue d’humanité.
Quoi qu’il en soit, il n’empêche qu’elle est là et que j’ai été mise face à une évidence que j’aime assez bien m’amuser à fuir *raté sur ce coup… Je sais…*: va falloir apprendre à vivre avec. Et ça pue. Ca pue royal. La communication, censée être bénéfique dans toutes les situations, devient une arme redoutable. Le potin devient complètement « out » et est remplacé par des courants torrentiels d’infos inutiles. Plus que ça, la technologie grille pas mal d’échanges essentiels (même si, convenons-en, elle en facilite aussi, c’est pas moi qui vais le nier) qu’elle rend excessivement rapides et dont elle dépouille souvent du plus important: l’humanité. Par l’humanité dans ce contexte, j’entends surtout les émotions, la délicatesse, le choix du bon moment, des bons mots, le bon endroit et puis évidemment, le souci d’empathie face à son interlocuteur.
Maintenant, on zappe et on va directement à l’essentiel. On n’attend plus, on ne devine plus, on a ou on n’a pas. Souvent aussi, on a alors qu’on n’avait rien demandé.
Pour ma part, je suis une éternelle indécrottable. J’ai certains côtés très « à l’ancienne » auxquels je tiens. J’ai du mal à jeter, je n’ai pas vraiment de vrai appareil photo numérique jusqu’à maintenant, je fais tenir mes gsm jusqu’à ce qu’ils me disent « merde », je roulais avec une voiture qui avait 17 ans et que j’aurais pu garder encore 10 ans si elle me l’avait permis, mon premier IPod est toujours mon IPod actuel complètement dépassé, j’adore attendre pour voir le résultat de mes photos et je nettoie mon évier au vinaigre blanc *ha non, ça on s’en fout*.
Face à mon étonnement, je me me suis surprise moi-même: je suis déjà « out »? Puis j’ai réfléchi et j’ai vite compris que la technologie avance à une vitesse impressionnante. Alors juste histoire de me rassurer et de me faire sourire, je me suis délectée en me rappelant que:
– Je suis née à l’aurore de la K7VHS. Le magnétoscope, c’était IN.
– Je sais faire fonctionner une platine vinyl depuis mes 4 ans et c’était pas pour apprendre à mixer *Un bon vieux Black Sabbath avec les ptits « croutchis » vintage derrière, rien de tel*.
– J’ai eu un baladeur K7 et c’était trop la frime ptit con!
– Un jour, Saint Nicolas m’a amené un énorme paquet cadeau par la cheminée. C’était une console Nintendo et moi j’étais aux anges. Elle fonctionne toujours et c’est le pied de jouer au bon vieux Mario Bross (3 les gens! J’étais en avance MOI!). Les tortues, je les mange!
– Je suis arrivée à l’heure à mon premier rendez-vous amoureux. Si j’arrivais en retard, il partait. Le gsm, c’était dans les films futuristes.
– Tous les essais à pondre pour l’université, je les pondais sur du papier avec un bic. Je faisais une marge énorme parce que je ne pouvais pas régler les interlignes comme je voulais pour que le prof y appose son encre rouge. Je vous laisse imaginer l’affaire quand j’ai dû pondre un monstre de 10 pages et que tous les autres le faisaient avec leur ordi portable…
– Toutes les recherches de sources pour les essais que je devais faire à l’unif… Je les faisais avec des livres. Ces machins en papier qu’on trouve dans un lieu qui s’appelle une bibliothèque et qui ont une odeur que j’adore. Comme une odeur élégante d’intelligence et de culture qui me faisait me sentir importante avant même d’en avoir ouvert un seul. A noter que sur ce plan, les bouquins sont toujours nécessaires vu les merdes qu’on trouve sur inter-nenette.
– Quand je voulais trouver le numéro de la pizzeria du quartier, je devais aller dans un gros livre jaune qui s’appelle « annuaire ». Des fois, c’était la croix et la bannière pour tomber dessus.
– Après toute la collection des vinyls de Chantal Goya, j’ai enchaîné avec les CD de Nirvana, Metallica, Blur,…
– Le lecteur CD, c’était aussi la frime sur le chemin de l’école.
Et bien d’autres choses mais je dois aller dormir…
Tout ceci n’est pas une compétition à « qui est le plus vieux » et « qui a pu mieux vivre sans technologie que l’autre » mais bien un constat: bordel, des fois même si c’est bien, il y a aussi des moments où tout va trop vite. Un peu l’humain dépassé par l’humain dépassé par sa technologie.
A part le décès sur le net, tout le reste (ie ce qui est has been) j’ai vécu aussi et j’ai envie de dire « et alors ? » ; sans doute paske je suis plus vieux que toi^^.
Mais je me sens pas out : je m’adapte assez bien à l’évolution technologique en faisant un tri sélectif en fonction de mes besoins (et non des tendances). Par ex, le netbook je m’y suis mis immédiatement et aujd’hui je sors pas sans ! Par contre la télé 3D, je ressens aucun besoin actuellement…
Je décèle également bp de changements sociaux, bien moins visibles que le high-tech ou la mode, mais là j’ai plus de mal à m’y faire ; je ne donnerai volontairement pas d’exemple.
Oui, je suis d’accord avec toi. Le reste c’est bien mais là, ce stade d’apprendre le décès d’une personne ainsi (et ce n’est la faute de personne hein), ça m’a un peu fait réfléchir à la vitesse à laquelle le monde va. Je me demande s’il y aura un jour des limites et quelles seront-elles si c’est le cas (mais j’ai de gros doute qu’il y en ait un jour…).
Pour les changements sociaux je comprends que tu ne veuilles pas donner d’exemple mais je ne vois vraiment pas où tu veux en venir. Tu parles de changements sociaux en général ou plus précisément de changements sociaux liés à des technologies?
Je parle de changement sociaux en général. Je ne peux vraiment pas trop donner d’exemples, mais pense qu’au Canada la chanson « Money for Nothing » de Dire Straits vient d’être interdite de diffusion !! c’est effrayant…
Je t’ai démasqué Julien Assange! 😉 Mais oui, ce n’est pas seulement une question de s’y faire… Ca fait également très très peur tout ça.
Et oui, le baladeur K7, c’était top classe en salle d’études. Mais je pense que si on a du mal à vivre avec son temps, on devient malheureux car inadapté. C’est comme ça et on n’y peux rien changer….
Oui je suis d’accord jusqu’à une certaine mesure. Je pense vraiment qu’il faudra des limites un jour parce que la technologie commence à dépasser non pas l’homme mais bien l’humanité (dans le sens qu’on nous dépouille de temps en temps de délicatesse ou d’empathie, on ne prend plus de gant ou on en profite pour traquer des gens gênants). Sans parler de la vie privée,etc.
Qu’on le veuille ou non, je suis certaine que ce système du toujours plus, plus vite et plus performant va finir par exploser … Ca ne peut se passer autrement, c’est d’une logique implacable. Quant à savoir quand … c’est autre chose. Les tendances rétro en tout genre nous montre déjà bien ce désir latent de changement …
Oui c’est vrai qu’on revient à beaucoup de choses qui existaient avant tout ça. Tout bêtement, si on regarde certains objets décos « à la mode » comme le vieux téléphone, la platine de disques ou encore les gens qui s’extasiaient en admirant mon radio-cassette dans mon ancienne voiture *snif, je t’aimais Rahuette*. De là à ce que ça s’arrête, je ne pense pas. Par contre, poser le pied sur le frein et prendre le temps de réfléchir aux conséquences de certaines technologies (genre FB… Une vraie législation là-dessus, ça serait bien…), j’espère vraiment que ça se fera.