En partant d’un article ayant pour thème « la mode » de manière générale ou pas, on peut facilement s’égarer sur plein de sujets aussi variés les uns que les autres. S’il y avait un retour de la mini-jupe, on pourrait finir sur des choses telles que « et puis porter la jupe, c’est se soumettre à l’homme? » ou encore « mais où sont les limites entre à la mode et le vulgaire? ». Le retour des buffalos pourrait nous emmener à « mode et mauvais goût: une frontière influençable? » ou aussi « les chaussures hautes mal conçues sont un danger pour les chevilles des ados *si si, je vous jure, ça c’est du vécu… Ok, en parlant avec un chirurgien pédiatre mais c’est du vécu* ou que sais-je encore.
Cependant, j’ai rarement rencontré un sujet « fashion » plus réel et plus triste que celui de la fourrure. Déjà très sensible sur ce thème, je ne concevais pas que, après les diverses campagnes de pubs auxquelles nous avons eu droit pendant les années 90, on puisse encore arriver à remettre la fourrure au goût du jour. Pire encore aujourd’hui car nous sommes en pleine époque de re-calibrâge de l’image féminine. Et à l’heure où Dove impose magnifiquement bien ses sublimes mannequins rondes, où l’on peut voir des émissions entièrement dédiées à la revalorisation de l’image bien piètre que beaucoup d’entre nous ont d’elles, bref, où le respect devient enfin une valeur dans le domaine de l’esthétisme… On revoit débarquer des poils.
Il est tout de même assez étonnant que la quête de l’esthétisme puisse mener à de telles barbaries. Car s’il y a bien quelque chose de bien plus facile à boycotter que le traditionnel suédois – vive les petites chinoises enfermées dans des boîtes à sardines, des épingles vissées sur leurs petits doigts- c’est bien la fourrure. Pas besoin de se convertir en végétos pour autant ma petite cocotte en sucre, sache que j’aime la viande toute rouge qui sanguinole mais que je n’irai jamais porter une pièce conçue dans un contexte de sauvagerie humaine qui dépasse l’imagination de beaucoup.
Et histoire que tu comprennes bien comment tu peux rester intègre, respectueuse, être à la mode et continuer à manger ton bon Charolais… Voici comment, selon moi, tu peux choisir tes « it-coats ou scarfs ou hats » sans pour autant avoir indirectement contribué au génocide du bois de Quat’sous (Renard, c’était le meilleur et on ne touche pas à Renard):
– Demande l’origine de la peau sur laquelle tu lorgnes depuis plus d’une semaine. Il existe des élevages contrôlés qui se soumettent à des normes européennes, ça serait déjà bien de te dire que la bestiole (les bestioles, parce que va pas croire qu’il n’en faut qu’une…) a été respectée le temps où elle a été en vie.
- Demande aussi de quel animal provient la fourrure. Tu vas pas en croire tes mirettes mais on fait des manteaux en peaux de chats. Non, je ne rigole pas du tout. J’ai vu il y a quelques années un reportage horrible sur le trafic de peaux de chats en frontière franco-suisse. Tu sais, ces barbares, ils vont jusqu’à kidnapper des chats. DES CHATS QUOI!
- Remets les pendules à l’heure… Désolée les végétos respectueux des animaux qu’il ne faut pas toucher mais selon moi (et pas que moi…), nous faisons tous partie d’une chaîne alimentaire dont l’homme est le sommet. Alors bon, avoir un sac en cuir de vache qui de toutes façons terminera dans mon assiette ou un boléro en lapin délicieux, je ne vois pas où est le problème. Si on y réfléchit correctement, ça s’appelle même de la récupération. Et à une époque où les primes écos étonnent les grands-parents, on ne va pas s’en priver non? Donc en bref, une fois encore, là il faudra aussi vérifier l’élevage. Parce que dans mon assiette ou sur mes épaules, je veux que la bestiole ait été respectée jusqu’à son dernier souffle.
- Le vison… Oui, c’est beau… T’as déjà mangé du vison toi? Non parce que ‘hormis peut-être des esquimaux perdus au fin fond du Pôle Nord qui sont les seuls à pouvoir chasser la baleine pour des raisons de survie, le vison, il n’est pas à la carte même à Noël. Je t’ai dit NON.
- On tue des animaux juste pour te faire les écharpes que tu aimes toucher. Non, je dis ça parce qu’il y a encore des connes qui pensent qu’on fait un manteau en renard comme on fait de la laine: on les tond. Vous ne me croyez pas? Allez voir à la 17 ème minute du reportage que je vais vous mettre en lien ci-après et essayez de ne pas tomber des nues.
- Arrête de penser trop court! Je t’entends déjà « ho bein alors je vais m’acheter le même mais en fourrure synthétique hein! ». Non, tu n’achèteras pas non plus ça. Et oui, j’entends aussi ton ton suppliant qui va me demander mais heuuuuuuu pourquoi heeeeeeeeeu??? accompagné d’une larme à l’oeil. Si tu n’achètes pas de la fourrure de barbare, c’est pas pour aller t’acheter du poil synthétique qui mettra des siècles à se dégrader hein. Je ne dis pas que l’on sait éviter le synthétique facilement mais bon là, t’as le choix: t’achètes de la fourrure qu’on mange ou rien.
Si t’as encore des doutes, tu vas visionner le très bon reportage d’Envoyé Spécial en cliquant ICI. Comme déjà dit, la 17ème minute est délicieuse. Tu verras que même pour les lapins, il faut faire attention à l’élevage. « E-LE-VAGE contrôlé », répète ça tous les soirs avant de t’endormir.
Sinon, si t’as acheté le ELLE Belgique de ce mois-ci, il y a aussi un très bon article sur le sujet poilu.
Moi je vous laisse ma fourrure veut sauter sur mes genoux, elle miaule, elle mange et elle chie. Elle vit quoi. Elle me donne plein d’amour et il n’y a que comme ça que j’aimerai la fourrure.
J’arrive dans un resto où à la table d’à côté il y a discussion enflammée entre étudiants : « pourquoi les jolies filles ne sortent qu’avec des connards !? »
J’ai immédiatement pensé à toi ! 😉
Pour le reste, là aujourd’hui je porte une chapka en fourrure de lapin et un cuir doublé mouton et col en renard. Je me sens donc visé et je tiens à répondre que la distinction entre animal qui se bouffe / qui se bouffe pas ne me semble que faiblement légitime ; il y a aussi une question de quantité et de prix : combien de lapins massacrés (certes à la base pour être bouffés) pour un vison ? La fourrure est sans doute le premier vêtement de l’Homme (majuscule pour dire que les meufs sont intégrées dedans aussi^^), donc il faut la respecter en tant que telle !
Autre morceau choisie de la discussion voisine : « je n’ai pas envie de te partager ne serait-ce que sexuellement parlant ! »… J’adhère.
Il n’y a pas que les jolies filles hein 😉 Bah, c’est idem dans l’autre sens de toutes façons, va savoir…
Sinon, je n’ai jamais dit qu’il ne fallait pas respecter la fourrure. Pour la bouffe comme pour l’esthétisme, je répète bien qu’il faut faire attention aux étiquettes. Elevages contrôlés ou labellisés, comme tu veux mais on peut manger de la viande qui fut un animal élevé et décédé dans des conditions qui ne soient pas barbares. Pour moi, il ne faut pas se leurrer, on reste un maillon de la chaîne alimentaire et le boycott de la viande pour manifester contre ça, je trouve ça un peu contre-nature. Le fait de porter de la fourrure « comestible » en revient à de la récup’… Comme nous faisions du temps où nous n’avions encore pas la maîtrise totale du feu *ouga ouga!*.
Enfin, tout ce que tu portes me semble correct hormis le col en renard (nan mais tu vis où au fait? Dans un igloo que t’es déjà habillé ainsi??? On a encore décembre, janvier, février et peut-être mars à affronter…).
Ralalalala, le partage… Notion bien différente selon chacun. Moi je ne m’y retrouve plus je t’avoue.
Attends ce matin à Paris c’était -4° et les températures sont restées négatives tte la journée, alors ouais je m’habille en conséquence… et je pense qu’un igloo tiendrait tte la semaine par ici ! 🙂
P.S.: Quand je fais allusion aux temps de l’homme dans sa caverne, je veux dire par là que nous avons eu des besoins logiques et dépourvus de superficiel. Une autre époque quoi. Bref, que l’on ne gaspillait rien et qu’on renouvelait correctement. Des fois, faudrait un peu y revenir (mon dieu, c’est une fille et une fille qui aime s’habiller qui dit ça!… Je vais aller me secouer la tête tiens ^^)